LA CHIMÈRE.

 

Elle est une femme bien étrange, mélange de lynx, de renard et d'humain et pourtant si élégante, si semblable à nous.

Lui est un chercheur qui travail en collaboration avec des laboratoires britanniques sur les chimères, hybrides mi-humains mi-animaux.

Entre eux c'est le choc des cultures et une rencontre des plus surprenante. D'où vient-elle, qui est-elle ? Que veut-elle ?

Est-ce un être humain ou un animal ? Les deux ?

 

 

CHAPITRE 1 :

 

Année 2013 du calendrier religieux.

 

Région : Sud de la France.

John vivait seul dans une modeste maison au sein d'un village où les commérages régnaient en maître incontestés avec les bonnes femmes qui allaient à l'église tous les dimanches pour prier. Le jeune homme de trente-trois ans avait eu une fille douze ans plus tôt et quitta son ex femme six ans après la naissance de leur enfant. Mais ils l'élevaient avec une garde partagée le plus équitablement possible. Ils s'étaient quittés en des termes plutôt positifs ce qui facilitait grandement les choses.

Le village avec sa supérette et son épicerie, faisant aussi office de boulangerie, dégageait un charme typique du sud avec ses habitations en pierres et son église ancestrale. Les gens restaient convivials et courtois. La joie et la bonne humeur y résidaient également, donnant une agréable atmosphère aux lieux. Les touristes s'y sentaient bien l'été en dépit de la chaleur étouffante dû aux canicules. La culture du vin se remarquait au premier coup d’œil avec les affiches et les pancartes colorées ou encore les exploitation viticoles et leur maison perdues au milieu des champs de vignes.

Cette semaine c'est lui qui gardait sa fille de tout juste douze ans, une fille plutôt jolie pour son âge et blonde qui tenait ses yeux verts de sa mère et son nez élégant de son père. Avec un caractère bien à elle mais au cœur d'ange, elle faisait les quatre cents coups mais se calmait depuis quelques temps, commençant enfin à savoir quoi faire et quoi éviter. John travaillait chez lui en collaboration avec des laboratoires britanniques. Leur but était d'arriver à comprendre les cellules souches embryonnaires, à saisir leur fonctionnement.

La finalité, concevoir de nouveaux remèdes contre des maladies plus ou moins graves, réparer des moelles épinières, réparer d'autres dommages faits par des accidents. La création d'embryons hybrides mi-humain mi-animal était permis en Grande Bretagne, jusqu'à quatorze jours de développement. Il allait parfois avec une équipe dans un laboratoire très surveillé pour étudier des échantillons qu'on leur envoyait pour faire avancer les recherches et les travaux.

Célibataire depuis six ans, il ne trouvait pas de femme qui lui convienne. La seule qu'il ai eu dans sa vie l'avait quitté, par sa faute. Il manquait cruellement d'attention envers elle et avait toujours été proche et distant à la fois. C’est ce qui entraîna, au fil des années, des problèmes de couple puis une rupture. Depuis il se noyait dans son travail, donnant certes de bons résultats mais oubliant parfois ses proches. Sa fille lui en tenait rigueur mais tentait quand même, à son échelle et à son âge, de le comprendre au moins un minimum.

Comme tous les matins du week-end, il se levait tard, les cheveux bien décoiffés, en bataille, une tête épouvantable et une démarche presque titubante. En caleçon et ayant enfilé un T-shirt, il entra dans la cuisine, manquant de se manger l'entrée et se retenant de justesse. Sa fille, réveillée depuis une bonne heure, avait fait le petit déjeuné pour son cher père. La blonde le regarda d'un air amusé.

_Encore en pleine forme à ce que je vois papa !

_Oooofffff... doucement ma chérie.... je... jeeee... me réveil !

_Je vois ça !

Il s'assit à table, se frottant les yeux et passant ses mains sur ses tempes, se réveillant pour de bon. Elle lui servit son petit déjeuné devant lui et il commença à manger une fois qu'elle se mit à table avec son cher papa adoré.

_Merci ma chérie, c'est gentil de ta part...

_Tu dis ça à chaque, fois, c'est normal, je t'aime beaucoup et t'es mon père en même temps et puis on s'entend bien (lui fait un clin d’œil.)

_Oui, c'est vrai, mais quand même, j'ai pas été assez proche de ta mère, je le regrette, je ne veux pas faire cette erreur avec toi...

_T'en fais pas, tu t'en sors bien je trouve.

_Tu veux qu'on se fasse une sortie aujourd'hui ? Ça doit bien faire un an ou deux qu'on a rien fait, ce serait bien aussi de voir avec ta mère et ton beau père pour ça.

Elle parcourra son assiettes de gauche à droite de ses yeux à demi clos comme pour réfléchir intensément à la proposition de son paternel ni laid ni beau et gentil comme tout.

_Tu sais, faut en parler à maman, mon beau père lui n'est pas jaloux et il comprendra très bien... maman aussi d'ailleurs, c'est une bonne idée de se retrouver.

_Je suis content que ça se passe bien avec ton beau père, le petit frère que tu as eu de lui et de ta mère et aussi son fils de son côté, qui a deux ans de plus que toi et qui me semble assez sympa. Tu as beaucoup de chance.

_Oui sans doute, et en plus il aime bien plaisanter, c'est un grand gaillard au grand cœur, comme toi en plus grand et plus direct mais il est très bien et maman l'aime beaucoup... ça ne va pas ?

_Si ça va, c'est juste qu'au moins elle a trouvé le bonheur, je ne pouvais que lui souhaiter, tant mieux...

_Hey, toi aussi tu trouveras, t'es pas vieux, t'es encore un peu jeune et tu es quelqu'un de bien !

_Si tu le dis ma fille, mais je suis pas si vieux que ça tu sais ! Tu verras quand tu aura mon âge ma chérie, tu diras la même chose à tes enfants si tu en as !

Elle se mit à rire aux paroles de son père qu'elle trouva très amusantes. Leur déjeuné terminé, ils rangèrent tout dans le lave-vaisselle écologique et téléphonèrent à la mère qui, après cinq minute de discussion avec sa fille, le père et son homme, prit la décision de se retrouver à midi devant un restaurant en ville pour bien commencer la journée ensembles. Cela lui fit plutôt plaisir que son ex homme fasse cette sortie avec eux, pour le plaisir et de partager un bon moment.

Arrivés en premiers, ils attendirent quelques minutes avant de voir arriver Sabrina, son ex femme, une algérienne et Jacobe, son nouveau compagnon, un métis noir européen. Tous ici n'avaient pas de religion, et parfois, pour certains, leurs proches ne les comprenaient pas. John avait des origines allemandes et belges bien que ça ne se voyait que peu sur son accent ou son apparence. Né en France tout comme ses parents et donc nationalisé en tant que français, il parlait bien sa « langue natale » et se sentait chez lui dans ce pays où il habitait et pour lequel il travaillait.

Ils se firent la bise et se serrèrent la main. Jacobe et Sabrina, tout comme Lucina, la fille de John, savaient très bien que ce n'était pas pour reconquérir la mère mais juste une sortie amicale sans plus. Ils entrèrent dans le restaurant, le petit frère de la jeune fille, âgé de trois ans, la tenait par la main Évane, le fils de l'homme de Sabrina, tenait l'autre main de leur petit frère. Ils formaient une famille recomposée assez stable et s'acceptaient très bien. Ils s'estimaient chanceux et heureux que ça se passe ainsi entre eux car dans d'autres familles ça n'était pas toujours aussi simple.

Ils choisirent une grande table. John en face du compagnon de son ex femme et sa fille était à côté de lui avec le petit frère de trois ans entre eux, par sécurité. La jeune femme de trente-deux ans et son homme restaient côtes à côte et le grand fils faisait face à la fille de la mère. À vrai dire il avait toujours été complice avec cette jolie blonde et ils se rapprochaient de plus en plus. Les parents ne s'en inquiétaient pas, ils trouvaient cela normal et avaient bien élevés leurs enfants, les mettant en garde sur certains dangers et leur apprenant comment fonctionnait leur corps. Bien sûr il faudrait encore beaucoup de temps avant qu'il ne se passe quoi que ce soit mais il valait mieux prévenir que guérir, raison pour laquelle ils furent mis en garde et informés comme il se devait. 

De ce fait ces deux là ne risquaient pas grand chose et on leur faisait entièrement confiance. Cette confiance était rendue et le dialogue s'avérait des plus facile, surtout en compagnie d'un père ou un beau père avec qui on pouvait parler de tout sans gêne. C'était un homme doux et ouvert très gentil et au cœur tendre. La mère avait donc bien trouvée son amoureux et entre eux c'était partis pour durer encore longtemps voir, pourquoi pas, toute la vie. Tout le monde était content pour eux, on ne pouvait que leur souhaiter du bonheur. 

Jacobe avait eu son fils avec une femme « amazone » trop féministe (avec exagération.) Malheureusement, elle lui avait fait croire de faux sentiments, l'utilisant pour avoir des enfants. Ils eurent une fille qu'il ne voyait presque pas à cause de sa mère et quand il la voyait parfois elle lui disait « papa t'es un homme, t'es méchant parce que tu n'es qu'un homme... » ce qui le touchait énormément puisqu'il adorait sa fille, autant que son fils que la mère délaissa en partie après avoir eu « sa fille. »

Mais Évane  comprenait assez bien les choses, il n'était pas jaloux de sa petite sœur, il l'appréciait beaucoup. Hélas ça se passait pas toujours très bien avec sa mère. Il avait, en quelques sortes, trouvé une seconde mère avec Sabrina et la jeune femme comprenait très bien cela, raison pour laquelle elle l'adoptait un peu comme un fils. C'est ce qui le touchait beaucoup aussi et il ressentait un grand respect pour sa belle mère qui se montrait juste avec lui et les autres enfants. 

Jamais elle ne lui avait fait ressentir quoi que ce soit de mal, que c'était un étranger pour elle et dans son couple, bien au contraire. Elle l'acceptait et, comme son propre fils, lui ouvrait son cœur, partageait des choses avec lui et faisait parfois ce que sa propre « mère » ne faisait pas toujours pour lui, trop occupée avec sa fille chérie et son club privé d'amazones. 

Un serveurs vint les voir et ils firent leur commande. Sans religions, sans dieu ni croyance, comme les autres autours de la table, sauf son bout de chou de trois ans à qui elle laissait le choix et le libre arbitre, Sabrina commanda du porc. Beaucoup ne l'aimaient pas pour ça. Elle s'habillait à son bon grès, mangeait ce qu'elle voulait, sortait souvent avec ou sans son homme et elle n'avait aucune religion ni rien. Ses proches l'avaient, pour une grande partie, rejetée, considérée comme une honte et un déshonneur pour la famille. Ses parents qui l'aimaient beaucoup finirent par renouer quelques liens car ils n'avaient eu qu'elle comme enfant.

Sa mère eut un grave cancer qui la rendit stérile. Elle s'en était sortie de justesse. Sa fille avait veillée sur elle, toujours là, toujours présente jours après jours à l'hôpital dix-huit ans plus tôt. Elle lui dit simplement : « Tu es ma mère, je t'aime beaucoup, tu as fais des choses pour moi, tu as veillée sur moi, tu as bien fait ton travail même si tu penses avoir échouée parce que je ne suis pas comme les autres membres de la famille, même si je suis différente... mais sache que je t'aime beaucoup, sache que tu es ma mère, que tu m'aimes malgré moi et que je ne fais que mon devoir d'être là avec toi dans cette terrible épreuve avec papa. Tu as bien fait ton travail, je ne fume pas, je bois mais très rarement et pas grande chose donc ça va, je ne me drogue pas, je n'ai pas mal tournée. Tu sais, même si je ne suis plus vierge depuis un certain temps, même si je ne veux pas me marier, même si je ne suis pas tous tes concepts, tu es et tu restes la mère que j'aime. »

Ces paroles allèrent droit au cœur non seulement de sa chère maman mais aussi de son père qui fut touché par ces dires venant du fond du cœur de leur adorable fille et ils comprirent certaines choses. Non elle ne suivait pas leur éducation à la lettre, non elle ne suivait pas leurs traditions, influencée par le pays où ils étaient et la liberté laïque alentour, mais ils l'avaient quand même bien élevée et instruite. Elle était professeur de d’histoire et les élèves l'aimaient beaucoup. Sabrina, dans un sens, faisait leur fierté car elle était parvenue à ses objectifs et elle avait toujours été très polie, très gentille et intelligente en plus d'être une personne très à l'écoute et compréhensive.

Ils l'aimaient beaucoup pour ses qualités. Les autres membres de la famille ne comprenaient pas toujours les parents qui toléraient leur fille, qui ne la rejetaient pas en dépit de ce qu'elle faisait et du déshonneur qu'elle causait et représentait. D'ailleurs, elle ne leur parlait plus, ne les voyait plus, et ne voulait plus aucun contact avec eux. Sabrina restait loin de ces gens qui pour elle lui étaient depuis longtemps totalement étrangers. Ils ne la comprenaient pas, elle ne les comprenait pas. Ils avaient coupés les ponts, elle ne leur donnerait pas une seconde chance. Femme libre, femme sans gêne et vivant sa vie selon son bon vouloir, personne ne lui dicterait sa conduite nul part.

On ariva avec les commandes, ils mangèrent leurs plats avec appétit. Lucina corrigea gentiment son petit frère qui tenait mal son couteau, Jacobe et John parlaient de tout et de rien, Sabrina mangeait avec joie, écoutant les deux hommes, lançant une remarque ou se mêlant parfois de la discussion qui de toute façon était ouverte à tous. Évane échangeait des blagues avec Lucina, parfois ils se donnaient un coup de pied amical ou se lançaient une vane.

_Et tu penses aboutir quand dans tes travaux ?

_Je sais pas, ça peut prendre des mois comme des années, pour le moment on tente de réparer une moelle épinière sans risques pour un patient. C'est très difficile car les cellules souches se développent et on a du mal à comprendre leur fonctionnement exact. Il faut pourtant les arrêter quand elles on finis leur travail de réparation. Le problème est qu'on ne sait pas encore vraiment comment faire.

_Bien, et ça permettrait donc de marcher ou bouger à nouveau, si je comprends bien, la moelle épinière c'est le système nerveux. Endommagée soit on marche plus, soit on ne bouge plus. Ça pourrait être une avancée formidable mais c'est quand même dérangeant de créer des hybrides même si ce ne sont que des embryons qu'on détruit après... c'est gênant quand même.

_Oui il est vrai qu'au niveau éthique et moral c'est très discutable mais peut-être, que pour le coup, la fin justifie les moyens. Tant qu'il n'y a pas de dérives c'est le plus important...

_Comme en créer pour l'armée, concevoir des monstres qu'on peut dresser et envoyer sur l'ennemi.

_Par exemple... ou en créer par curiosité et les laisser dans des conditions de vie/survie, horribles.

_John, je suppose qu'il faudrait une femme volontaire pour ça, pour porter cette créature... les utérus artificiels ça n'existe pas encore et heureusement.

_Oui il en faudrait une pour ça... et dans le cas d'une armée même petite...

_Aaaah mais t'es gore papa ! Moi je me verrais pas avec « ça » dans le ventre ! Beurk c'est dégoûtant ! »

Évane ne put s’empêcher de taquiner Lucina à sa façon.

_Et neuf moi plus tard on a un bébé humano-léopard tout blond !

_C'est pas drôle Évane, t'imagine un peu l'horreur pour moi ?!

_Moi non plus je ne me vois pas avec ça dans le ventre, surtout qu'après pour le sortir... ça me donne des frissons, on dirait un mauvais film d'horreur !

_Oui c'est pas très ragoûtant je vous l'accorde, mais un jour ça risque d'arriver. Plus le temps passe plus les risques augmentent. Donc il suffirait qu'un laboratoire clandestin le fasse dans l'ombre, avec une femme payée et volontaire... c'est terrifiant. Mais ça ne risque pas encore d'arriver, du moins, je l'espère !

Changeant un peu de sujet, Sabrina adressa un agréable sourire à son compagnon. C’était une femme très vivante et douce tout comme son homme avec qui elle partageait beaucoup de choses.

_Mmm, il est bon leur agneau dis donc, j'aime bien ce restaurant. On y retournera mon cœur 

_Oui mon chéri (embrasse son homme) avec joie.

Igore, leur petit garçon, voulut aller dans les bras de sa mère. Sa grande sœur le prit sur elle pour la passer à sa maman adorée. La jeune femme prit son fils dans ses bras de mère protectrice et aimante en lui faisant un gros câlin qui lui fut rendu.

_Ye t'aime maman...

_Mais moi aussi je t'aime mon petit cœur (dépose un bisou affectueux sur sa joue) tu es mon petit bout à moi comme ta grande sœur...

_Ne bougez plus, belle maman, regarde par là (sort son portable et fait une photo) et hop, tenez regardez (montre l'image à sa belle mère) c'est pas mignon tout plein ça ?!

_Dis donc, Évane, tu devrais nous prendre en photo tous les deux, je trouve qu'on va bien ensemble!

_Allez pourquoi pas ! (tend l'appareil devant eux, se rapproche de Lucina) Et hop ! C'est dans la boite ! Tiens regarde c'est pas mal tu trouves pas ?!

_Ouais ça le fait ! C'est trop chou ! 

Leur repas terminé, l'addition payée, ils sortirent dehors et regardèrent l'heure. Leur film au cinéma commencerait dans une demi-heure, ils décidèrent de s'y rendre. Il leur faudrait dix minutes de route plus cinq minutes pour se garer, cinq minutes pour y aller et payer leurs places puis attendre le film. Jacobe et John s'entendaient très bien, devenant même assez proches voir amis. Leur film une fois finis ils se baladèrent en ville, voyant une énième fois les monuments mais profitant de chaque instants entre eux.

La journée terminée, ils rentrèrent chez eux en se serrant la main et en se faisant la bise. Les parents de John, quand il était avec avec Sabrina, prenaient très bien le fait qu'ils soient en couple, sans se soucier de leurs origines. Pour eux tant qu'ils vivaient heureux c'était le plus important à leurs yeux. Il n'y eut pas de mariage, les deux amoureux n'en avaient pas voulus pour leurs raisons. Déjà parce qu'ils n'avaient pas à se justifier auprès des autres, ni à être dans le moule conformiste automatique qu'ils détestaient tant.

Ils vivaient libres. Quand ils se séparèrent ils se partagèrent équitablement les biens, surtout en fonction des besoins de l'un et de l'autre, sans se pénaliser mutuellement. Ils s'appréciaient désormais en tant qu'amis et n'iraient pas plus loin. Ils avaient toujours été parfaitement fidèles l'un avec l'autre. Elle ne risquait pas de tromper Jacobe et ce dernier le savait très bien raison pour laquelle il lui faisait confiance. De plus John n'avait aucune mauvaise intention vis à vis du couple et ne voulait donc pas créer de problèmes et faire du mal inutilement, pour rien et sans raisons. 

Ce n'était pas son genre, ni celui de la jeune femme. Ce soir là, comme tant d'autres, il fit la cuisine, mais sa fille vint l'aider, curieuse et désireuse d'apprendre. Elle dénotait une bonne intelligence et comprenait bien les émissions sur l'univers et la physique. Elle était aussi assez forte en mathématiques et renforçait tous ses points forts. Elle améliorait aussi ses points faibles. Ses parents ne lui disaient rien ou presque sur les questions comme pour l'avortement. C'était à elle de se faire ses idées et son opinion dessus plus tard. 

Elle posait des questions, ils y répondaient de façon la plus neutre possible. Sa mère avait déjà avorté deux fois par le passé. Est-ce que cela faisait d'elle un monstre pour autant ? Est-ce que ça l'empêchait d'aimer ses enfants et d'être une bonne mère ? Non loin de là ! Avant d'aller chez son père Lucina avait dit à sa chère maman qu'elle en était très fière, que c'était une très bonne mère et une personne très bien. Elle lui avait dit avoir eu beaucoup de chance d'être sa fille et idem pour son père. Cette remarque leur parvint droit au cœur, à eux qui doutaient toujours de leur travail de parents, de l'éducation donnée à leur fille, de leur façon de faire, craignant de commettre des erreurs. 

Mais il s'avéra que leur fille se sentait très bien avec eux. Elle ne risquait ni de boire, ni de fumer, ni de se droguer pour le moment et virait très bien. Elle faisait leur fierté de parents car elle s’avérait brillante et ils l'encourageaient sans cesse ce qui faisait qu'elle devenait chaque jour plus forte. Plus tard Lucina voulait travailler dans la physique, pour contribuer à ce monde, pour aider à résoudre les problèmes humains et aussi pour tenter, à son échelle, de trouver des réponses à ses questions sur l'univers, ses origines et sa nature. Question à laquelle les religions prétendaient une réponse sans la moindre preuve, sans la moindre crédibilité. 

Lucina, c’était la fille avec des « origines » comme on disait, la métis que certains dans la cour traitaient de « bâtarde » parce que sa mère fut souillée par un être impur. Mais elle avait un avenir au moins ELLE ! Cette fille que certains insultaient et salissaient, que certains traitaient de « fille de pute » avait de bien meilleurs résultats qu'eux. C'est aussi ce qui les faisait s'énerver. Se sentant au-dessus de ces crétins de tous bords, de toutes origines et de tous milieux qui la traitaient de tous les noms par rapport à ses parents, elle n'hésitait pas à les prendre haut, leur rappelant sans cesse qu'ils pourraient lui parler d'égal à égal que quand ils auraient de meilleures résultats. 

Ils n'aimaient pas être pris de haut par cette petite merdeuse. De plus elle se sentait de moins en moins touchée par leurs insultes, fière de ses origines, du fait d'être une humaine et d'avoir de bons parents. Des fois elle leur rétorquait que leur géniteurs n'étaient bon qu'à les héberger et le nourrir comme des animaux domestiques, ce qui lui valu d'être frappée par un groupe de garçons qui furent renvoyés définitivement, surtout quand elle fit le rapport détaillé de ses persécutions sur les deux mois passés avec les notes qu'elle avait prise. 

C'était une fille de caractère et déjà assez forte et déterminée. Elle savait déjà ce qu'elle voulait et ferait tout pour l'obtenir. Avec également une classe d'avance et menaçant sérieusement d'en sauter une de plus, Lucina mettait les bouchées doubles pour y arriver. Les enseignants furent choqués par les brimades qu'elle subissait plus ou moins souvent, surtout quand ils surent pour quelles raisons. De plus ils appréciaient beaucoup cette élève studieuse qui parfois n'était pas toujours toute calme mais restait humaine et gentille. Il ne s'agissait pas d'une élève modèle mais d'une bonne élève quand même, très complaisante et aimable.

D'autres furent renvoyés ou sanctionnés pour leurs attaques, ce qui finit rapidement par en calmer pas mal, sauf les plus dégénérés qui plus tard voteraient des partis peu enviables, surtout à l'égard des femmes, de leurs droits et libertés. Ils voteraient sans réfléchir, avec une logique bancale basée sur des idées reçues et des préjugés. Rejetée pour ses origines d'un côté, et pour la même chose de l'autre, en plus d'être intelligente, plus que la moyenne mais pas surdouée, incomprise, la jeune fille restait souvent toute seule. 

Seule une ou deux personnes lui adressaient la parole lors des inter-courts. C'étaient une bonne amie et elles se comprenaient et s'entendaient assez bien. Leur repas terminé, John et Lucina se regardèrent un film et allèrent se coucher. Lucina surfa sur le web avec son ordinateur portable. La jeune fille cherchait des informations sur toutes sortes de choses comme par exemple la sexualité, même si ses parents lui avaient donnés déjà de bonnes explications ça ne lui suffisait pas. Son corps changeait, elle voulait tout savoir.

Elle cherchait aussi des informations sur les dernières technologies, sur les dernières découvertes scientifiques et avancées ou sur une question qui la travaillait depuis deux mois, l'avortement c'était quoi ? Elle pesait le pour et le contre, faisait attention aux avis erronés venant des religieux ou extrémistes surtout des deux côtés. Son père lui avait expliqué les fait biologiques, pas physiques, ni sur le plan de la vie. Elle cherchait des informations sur le développement de l'embryon et du fétus. Elle voulait savoir à partir de quand on pouvait dire que c'était un crime ou moins acceptable. 

Après trois heures de recherches à minuit, la jeune fille éteignit son ordinateur portable sous un système linux et le posa à côté de son lit sur la commode à côté. Rapide, fiable, simple, mais avec malheureusement des lignes de commandes à taper parfois, ce système était plus fiable et stable que son concurrent commercial non libre et répandu de partout.

La nuit s'écoula paisiblement mais les choses allaient changer... beaucoup changer...